pour stabiliser ton corps, pour sauvegarder tes membres. Je te confère
des minerais sur des minerais… depuis la création personne ne les a jamais travaillé
pour construire les temples des dieux ou reconstruire les temples ruinés… »
Stèle de la Famine.
Koffi AGBODJINOU.
Selon Prof Davidovits (il ratiocine à ce propos depuis le IIe Congrès International d’Égyptologie de 1979), et ainsi que le laissent suggérer de récents développements en archéologie, les Egyptiens (Imhotep ?!) connaissaient le béton. Les antiques seraient parvenus (on touche là probablement aux sources du mythe de l’Alchimie*), au travers une suite ingénieuse d’opérations de synthèse sur des matériaux naturels, à produire de la pierre ‘artificielle’. Le procédé est aussi déconcertant par sa simplicité que par sa perfection. On part d’agrégats prélevés sur du calcaire tendre, désagrégés à l’eau pour faire une manière de pâte. Amalgamée à de la chaux, de l’argile-kaolin, du limon et du sel natron égyptien, on obtient une boue de calcaire qui sera tassée dans des moules (en bois ou en argile) directement sur le chantier. On ré-agglomère ainsi, par réaction dite géopolymèrique, le calcaire en des blocs offrant une résistance exceptionnelle. Outre les tentatives de reconstitution grandeur nature, Davidovits procède dans ses recherches, d’une intéressante méthode de travail qui fait le va et vient entre le site archéologique et son laboratoire de St Quentin ; couplant des études hiéroglyphiques (notamment une mise à jour de la traduction du corpus des stèles ‘d’Irtisen’ et ‘de la Famine’, ‘d’Eléphantine’ et du bas-relief de la tombe de Rekhmire …) à ses tests révélateurs de chimie comparative sur des échantillons de ‘pierre’. De fait, les blocs de calcaires ayant servi à construction les pyramides, montrent au microscope électronique, la présence en combinaison de Si, Ca et Mg « dans des rapports qui n’existent dans aucune des sources potentielles de calcaire, » dans une proximité qui indique qu’ils aient été à un moment « ensembles en solution» et à un degré d’hydratation « inconnu dans les pierres naturelles.» (Des éléments probants de recours à la géopolymérisation sont avérés aussi pour les ouvrages du Colisée et du Panthéon, corroborés par une nouvelle traduction du “De Architectura” de Vitruve ; et dans les traces des civilisations pré-Inca où là, une souche végétale serait en cause...)
Les pyramides auraient ainsi été ‘moulées’ in situ ! L’hypothèse rhabille les extra-terrestres et suppose qu’on refasse de fond en comble l’orthodoxie égyptologique. Première en cause, la superstructure romantique de l’égyptologie classique de tradition historienne, qui met à contribution pour Khéops seul par exemple, des centaines de milliers d’ouvriers-esclaves extrayant avec un outillage rudimentaire, de la roche naturelle, ses près de 2,5 millions de blocs (de plusieurs dizaines de tonnes chacun) pour les transporter, sur des kilomètres, par eaux et vaux de carrières fantasmés au site de Gizeh où par des systèmes plus fantastiques les uns que les autres ils étaient mis en œuvre. En 2001, s’appuyant sur des études produites au Laboratoire de Techno-physique de Montpellier avec la géologue Suzanne Raynaud ; Joël Bertho, architecte des structures, a apporté son soutient à la théorie du ’coulage’ et de la ré-agglomération, dans son ouvrage "La pyramide reconstituée".
Bien sûr, et fidèle en cela à sa réputation d’hermétisme, le petit monde des égyptologues accueille au mieux avec une moue toute nouvelle perspective ; l’ostracisme en la matière frisant l’obscurantisme. Aussi, 30 années entières n’auront pas suffit à ce que la thèse davidovitienne amène à une tentative épistémique de repenser la structure sociale et le niveau technologique de l’ancienne Egypte. Mais, alors même que l’Egyptologie continue de bouder la recherche géopolymères, elle se trouve être l’objet d’un intérêt croissant auprès d’institutions comme le prestigieux MIT et la ‘US Air Force Research Laboratory’. Cette dernière finance le développement de nouvelles applications et matériaux géopolymères. Fruit de la collaboration entre les américains et l’Institut Géopolymère, le ‘Pyrament’, béton haute performance, déjà adoptée par l’armée américaine, permet de réaliser la prouesse technique de pistes d’atterrissage opérationnelles seulement 4 heures après leur mise en œuvre… comme celles qu’on a vu surgir dans le désert Saoudien pendant la guerre du Golfe.
A l’origine donc du gigantisme africain, la géopolymérisation est aujourd’hui définitivement perçue comme une technologie du troisième millénaire présentant l'intérêt d'être en charge des préoccupations contemporaines. L’Institut Géopolymère met, sur son site, l’accent sur l’aspect « Système à Utilisation Inoffensive » des ciments et bétons de géosynthèse qui émettraient à la production, 80 à 90% moins de CO2 que les traditionnels. ‘Pierre synthétique’, ‘Chimie et Ciment verts’, ‘Béton antique’… de nouveaux horizons, pour sûr, ouverts aux amateurs des ‘Sustainable architecture’, et peut-être une opportunité pour les pays pauvres, pour peu que leurs jeunes chercheurs et architectes saisissent entièrement la portée de ce clin d’œil que leur font, du fond du temps, les ancêtres et s’approprient, sans complexe, très vite ces techniques... A signaler, qu'un module de construction a été développé en direction des les pays émergents : la brique LTGS qui, pour la stabilisation de l’argile latéritique, associe des formules de géopolimérisation aux techniques de compression et de cuisson (- de 100°C contre 1000°C pour une brique traditionnelle). Le LTGS serait « stable à l’eau, » sa résistance autoriserait qu’on l'utilise pour la mise en œuvre d’éléments de structure comme les poutres pour les portes et fenêtres… et répondrait aux impératifs économique, de production artisanale à petite échelle et de confort d’usage de nos latitudes.